03-2016 : De Dakar à Niomoune…

Le retour à la ville après un mois dans le Sine Saloum rural fut violent. Un peu plus de 24h dans la capitale sénégalaise, pourtant appréciée, suffisent à nous convaincre que l’on préfère la campagne ! Une campagne que l’on retrouve avec bonheur après 24h de navigation variée, de nouvelles rencontres et de rebondissements…

13h, passage chez Laurène et Séb, mules improvisées pour que les contreparties de la campagne de financement rejoignent la France. 14h, déjeuner au maquis le Séoul avec Dao, pour prendre quelques contacts et recommandations pour la Casamance, destination du jour ; ou plutôt du lendemain…

16h, on retrouve Xavier et ses clients au port de Dakar, à l’embarcadère. Le gros ferry attend sagement ses passagers. Embarquement prévu à 17h ; départ à 20h. Tenus.

1ère étape : Dakar – Ziguinchor

Certains voyagent en cabines de 2, 4 ou 8 couchettes. D’autres, quasi exclusivement des sénégalais, voyagent en fauteuil. Moins cher. Beaucoup moins cher. Et surtout, en s’y prenant deux semaines à l’avance, comme nous, on a plus le choix.

L’arrivée est prévue à 11h… du matin ! C’est donc 15h que nous avons passées entre nos fauteuils et les différents pontons, où règnent une ambiance tantôt de fête (en soirée), tantôt de fin de boom des années 80 (tôt le matin), quand s’enchainent les slows de Céline, Lara et leurs copines vocalistes.

À notre grande surprise, nous avons réussi à dormir. On nous avait prévenu qu’il y avait en classe « fauteuils » beaucoup de victimes de mal de mer, avec les désagréments que cela implique, mais il n’en fut rien.

À notre grande surprise aussi, Justine a tenu le coup sans aucun souci. « Amoun Solo !! » (en Wolof dans le texte). Pour mémoire, Justine supporte mal l’eau, encore moins la nuit, encore moins quand ça bouge. Je n’y suis pas très à l’aise non plus, mais quand on a pire que soit, on est plus fort. Alors depuis quelques années, de mon côté ça va !

Enfin pour notre plus grand bonheur, en quittant l’Atlantique pour remonter le fleuve, nous fûmes accueillis par des dizaines de ces beaux mammifères marins : les dauphins !

On ne veut pas être filmés !

Il y a encore 3 semaines, nous ne pensions pas nous rendre en Casamance, notamment pour cause de bateau, mais aussi pour cause de calendrier trop serré. C’est en rencontrant Xavier que le programme a du changer. Non seulement eut-il l’indélicatesse de nous montrer des images des circuits casamançais qu’il organise, mais il l’a doublée de l’indécence de nous proposer un troc reportage promo en échange d’un circuit d’une semaine avec ses prochains clients.

Déjà l’imprévu du voyage rencontrait la providence et faisait notre joie. Mais ce n’était pas fini.

Ce que ni Xavier ni nous n’avions envisagé, c’était le poids de ses clients dans l’équation… Or les 4 clients (un couple de retraités qui passent 3 mois par an au Sénégal dans une maison de location à Saly, station balnéaire proche de la Côte d’Azur-leur région d’origine, accompagné d’un couple d’amis de la même région qui venait leur rendre visite 2 ou 3 semaines), lorsqu’ils prirent connaissance de notre présence, refroidirent quelque peu l’ambiance. Avec un tact digne d’une noix de coco qui tombe sur une racine tranchante de fromager (arbre local aux grandes racines qui sortent du sol) mêlé d’une hypocrisie bien de chez nous, ils expliquèrent à Xavier qu’il n’avait qu’à s’asseoir sur son opportunité et se débarrasser de nous illico presto.

Sentant le coup venir, nous mîmes Xavier à l’aise en lui disant « Clients first » et que l’on se débrouillerait pour trouver un autre HopTrip, qu’au pire nous en profiterions pour visiter la Casamance sur la base de ses recommandations ; que de toutes façons nous ferions une vidéo avec les images dont nous disposions et celles qu’il nous fournirait.

C’était sans compter sur sa capacité de réaction et de trouver des solutions. Il nous envoya dans son village auprès de son cousin qui y possède un campement bien écolo où il nous rejoindrait avec ses clients quelques jours plus tard. « Vous les français, vous êtes compliqués ! – Oui mais pas tous quand même !! »

Le paradis…

Du coup à peine descendus du ferry, pas le temps de nous remettre de nos émotions : direction l’embarcadère des pirogues au pas de course, suivant les indications de Xavier, pour sauter in extremis dans le « courrier » de 12h30. Le prochain, c’était dimanche…

Le « courrier », c’est la navette en pirogue qui relie la capitale de la région, Ziguinchor, aux villages et îles du fleuve. Eddy-Charles, c’est le capitaine de la pirogue. Il avait été prévenu par Xavier de notre arrivée tardive et de notre destination. Yacinthe c’est le second, qui danse au rythme de ses énormes écouteurs vert-pomme tout en maniant le gouvernail.

La pirogue était pleine. De passagers d’abord. De marchandises ensuite, accompagnant les passagers ou commandées par les villages, étapes de la traversée. Des pains de glace enfin, destinés aux campements de pêcheurs installés sommairement au bord du fleuve pour les quelques mois de la saison de pêche. L’ambiance est bonne sur le bateau… dès qu’on passe l’heure du zénith (nous avons fini les 4h30 de voyage écrevisses !). Tout le monde a un œil sur les enfants des jeunes mamans, on se partage mandarine, eau ou coco séché…

Au fil des étapes de la pirogue, celle-ci accélérait, allégée de ses marchandises. L’essentiel des passagers se rendait, comme nous, sur l’île de Niomoune. Deux cérémonies s’y enchaînaient ce vendredi et samedi : une remise de dot d’abord (en l’occurrence celle de notre hôte !!) ; le premier anniversaire du décès de deux dames du village le lendemain.

Dans les deux cas, la concession familiale concernée accueille tout le village (et plus encore) pour l’abreuver de Bunuk (vin de palme en Diola) -notamment, mais pas seulement. Pour l’anniversaire même (qui succède à une messe un peu plus longue que d’habitude à laquelle nous avons assistée, et qui est bien sûr bien loin de nos traditionnelles messes moroses, au premier titre parce qu’on a l’impression que tout le monde est chanteur professionnel, au second parce que ce sont les tambours qui résonnent, enfin parce que la joie est exprimée plus clairement que par chez nous), c’est un bœuf tué par la famille la nuit précédente qui nourrit l’assemblée.

C’est une grande chance que nous avons eu d’arriver pile poil pour ces deux événements successifs car ils sont l’occasion de voir de près les coutumes de nos hôtes. Je n’ose même pas parler de tourisme authentique tant j’espère que le lecteur l’appréciera de lui même.

La vie est partout

Et voilà, malgré 24h de bateau d’affilée, dont la pirogue sur laquelle Justine ne fut que relativement à l’aise qu’après un certain temps, l’« apprentissage » express d’une troisième langue (après le Wolof de Dakar, le Sérère du Sine Saloum, nous voici à présent au contact du Diola casamançais), l’enchaînement des événements nous aura conduit à nouveau sur le chemin de la providence et de la chance, jusqu’au paradis où nous sommes, dans le campement de Valérie et Yacinthe, l’Alouga, qui fait l’objet du #Troc que nous entamons ce 6 mars 2016.

La vie est belle. Le temps ici s’arrête ; et pourtant la vie est partout.
Vous découvrirez bientôt la vidéo du lieu pour mieux comprendre… 😉

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